Ligue 1 - FC Nantes - Pedro Chirivella : « Une réaction un peu excessive des supporters »

Pedro Chirivella ne s’est pas échappé avant le match face au Paris Saint-Germain. Le capitaine des Canaris est venu donner son sentiment sur le début de saison du FC Nantes et sur les incidents qui ont émaillé la réception du Havre. Le n°5 espagnol croit au sursaut de son équipe. Le plus tôt serait le mieux…

Nov 29, 2024 - 09:13
Ligue 1 - FC Nantes - Pedro Chirivella : « Une réaction un peu excessive des supporters »

On a l’impression que cette défaite face au Havre a touché tout le groupe…

Oui, on a passé des jours un peu compliqués, surtout en début de semaine. On ne peut pas rejouer les matchs. On sait qu'on n'a pas été au niveau. Il faut continuer à travailler pour espérer obtenir des résultats dans les semaines suivantes.

Comment as-tu vécu ce match du Havre avec toute cette tension ?

C'était particulier, je pense qu'on passe par des moments difficiles, surtout à domicile depuis quelque temps. On peut comprendre la frustration de nos supporters qui viennent toujours au stade en nombre. Comme à l’extérieur. On sait qu'on n'est pas à la hauteur, on n'est pas suffisamment bons en ce moment. Je pense que ça va tourner du bon côté si on continue à travailler comme on le fait ici tous les jours. 

Qu'est-ce que tu penses de la décision de la commission de discipline qui a fermé partiellement la Tribune Loire face à Rennes ?

Nous, on n'a rien à dire. Ce n'est pas à nous de décider s'ils seront là ou pas. On va continuer à travailler pour qu'enfin ils puissent être contents, qu’ils puissent être fiers de leur équipe. Finalement, ce ne sera qu'une partie de la tribune qui sera fermée, ça aurait pu être pire. Rennes, c'est un gros match, très important pour la ville et pour nous tous.

Qu’est ce que le groupe a pensé des scènes qui se sont produites dans les dernières minutes du match ? C’est intimidant ? 

Oui, bien sûr que ce ne sont pas des images qu'on aime. On est les premiers à savoir qu'on traverse des moments difficiles. On a déjà de l'expérience. On est déjà assez avancés dans notre carrière pour savoir que quand tu perds des matchs et que tu fais des performances décevantes, c'est sûr que les supporters vont nous tomber dessus.

Est-ce que ce n'est pas excessif ? 

Oui, bien sûr, nous, on n'aime pas ça. Ils font ce qu'ils ont envie de faire. Nous, on est sur le terrain, on peut juste jouer. On peut comprendre les frustrations. Après, pour moi, l’envahissement à la fin, c'était un peu excessif.

Qu’est-ce qui manque à cette équipe pour afficher davantage de régularité dans les résultats ? 

Je pense que si on est dans une situation comme ça, depuis neuf matchs, c'est qu'il manque pas mal de choses, c'est la vérité. C'est surtout au niveau mental qu’on est fébrile. On n’y arrive pas. Certains matchs nous ont fait beaucoup mal. Comme contre Angers, Saint-Étienne ou même Reims. Tu mènes tout le match et tu te sens supérieur à eux. Finalement, tu sors de ces matchs sans les trois points. Je pense que ça a pesé dans nos têtes. Il y a eu des matchs où on a eu l'impression d’être concentré, bien dans notre jeu, mais dès qu'on prend un but, on commence à être un peu en difficulté. Pour moi, le plus grand changement qu'on doit opérer, c'est au niveau mental.

Tu parles de la fébrilité mentale de cette équipe. Est-ce que vous travaillez là-dessus ?

C'est vrai que c'est compliqué de travailler le mental à l’entraînement. Parfois, le staff, nous fait vivre des injustices à l'entraînement. Des buts hors-jeu, des fautes inexistantes… Tout ça pour nous préparer à la compétition.

Vous travaillez sur tous les scénarios ? 

Par exemple, avant Paris, on a fait une séance très longue avec pour unique objectif de courir derrière le ballon, parce que c'est qu'on a fait là-bas. On a fait une séance hyper longue d'une équipe qui attaquait contre une équipe qui défendait, sur de longues séquences. Ce ne sont pas forcément des séances qu’on aime, mais c'est la réalité d’une telle rencontre. 

Vous êtes nombreux à avoir vécu ce genre de situation lors des saisons précédentes. Est-ce que, collectivement, il n'y a pas une espèce de lassitude un peu ambiante qui fait que c'est difficile de sortir de la situation, au-delà du travail ? 

C'est vrai que ça fait quelque temps qu'on vit les mêmes saisons. Je pense quand même qu'à chaque fois qu'on a été en grande difficulté pour gagner des matchs, on a fini par répondre présent. Je suis convaincu qu’on va y arriver. C'est vrai que chaque défaite fait très mal. Il faut se baser sur le travail qu'on fait pendant la semaine pour se renforcer, pour essayer de prendre confiance et se convaincre qu'au match après, ça va tourner du bon côté.

On a le sentiment que sur le match du Havre, on s'est peut-être à avoir revu des attitudes de l'an passé, une même fébrilité, un sentiment d’impuissance…

Je suis d’accord. Pour moi, c'est le match où on a montré le plus de fébrilité. Si on voit les matchs précédents contre Lens, Marseille, même si ce n'est pas beau… Je pense qu'on a quand même fait de belles choses. Le scénario a été catastrophique face à une équipe venue pour défendre très bas. C’était forcément encore plus vrai après leur but dès la 3e minute.  On était forcément très déçus après le match. On sait que tous les matchs sont importants et tous les petits points qu'on peut prendre vont compter d'ici à la fin de saison. Bien sûr qu'on préfère être 11e ou 10e, être plus tranquille, mais c'est la réalité de notre situation.

Tu connais le FC Nantes par cœur, tu es ici depuis presque 5 ans. Souvent, quand il y a un problème, c'est le coach qui saute….

On est les premiers responsables. Si on voit les buts qu'on prend, c'est souvent évitable. En ce moment, nos adversaires ne rentrent pas beaucoup dans notre surface, ils ne frappent pas beaucoup, mais on leur rend la tâche facile. Si on n'est pas au niveau individuellement sur des situations décisives ça ne peut pas marcher. Ça a pu être mon cas au Havre, Nicolas (Pallois, ndlr) à Lens ou des penalties donnés. 

En tant que capitaine, est-ce que tu as une responsabilité aussi, peut-être supérieure à d'autres joueurs de l'équipe, en tant que joueur de cadre ? 

Oui, c'est clair. Moi, j’ai énormément de responsabilités, de pression. Je n'ai pas besoin qu'un tel ou un autre me dise que je ne suis pas au niveau. Ce n'est pas la première fois que je traverse des moments un peu plus compliqués au FC Nantes, mais je pense que j'ai toujours su me relever.

Est-ce que tous les autres joueurs aussi font le maximum ? 

Oui, j’ose espérer. Je ne suis pas avec eux 24h/24, 7j/7, mais je vois une équipe qui sait qu'on s'est mis dans ces situations tout seul. Je vois une équipe qui a envie d'essayer de changer la donne, d'essayer de se faire respecter à nouveau à la maison. Ça fait un moment qu'on n'y est pas. On a des joueurs qui ont déjà vécu des moments difficiles ici. On a toujours su relever le défi et il n’y a pas de raisons que ce soit différent cette saison.

On te sent touché par ces résultats…

On est touché dans notre orgueil. Ça fait neuf matchs qu'on ne gagne pas. On a besoin de points et vite. C’est la vérité. Chaque match maintenant, ça doit être un match où on doit être capable de toujours amener quelque chose à la maison. Depuis quelque temps, on ne fait pas les choses assez bien. Et si on est là, c'est parce qu'on mérite d'être là. Il faut assumer. Il faut tirer la sonnette d’alarme. Chaque match est très important et chaque point qu'on peut prendre peut être capital d'ici à la fin de saison.

C’est quoi la recette pour inverser cette série négative ? 

Je préfère positiver. Je me dis qu'on a quand même fait des matchs assez solides. C'est vrai qu'on n'a pas été récompensés, mais les matchs de Marseille, de Lens, ça doit nous donner un peu de confiance, même si on a fini par ne pas prendre de points. Je vois aussi les entraînements qu'on fait. Ce sont des entraînements très costauds, très durs. Ce sont les entraînements les plus physiques qu'on fait depuis que le coach est arrivé. On a aussi une équipe avec de l'expérience, qui a déjà vécu des moments très compliqués. On a toujours fini par rester en Ligue 1, pourquoi ça serait différent cette année ?

Est-ce qu’il n’a pas manqué de mouvements au cours du mercato estival pour régénérer cet effectif ? 

Je ne pense pas que ce soit le problème en ce moment. Nous, on est là, on est fiers d'être là et on va tout donner pour ce club. Des fois, ce n'est pas facile sur le terrain. C'est à nous de relever le défi et d'essayer d'être au niveau.

Matthieu BELLÉE Journaliste au Journal Nantes Sport