Kolo Muani : Icone à Nantes, pari dans la Capitale !

Randal Kolo Muani a changé de dimension. L’insouciance de ses débuts en Jaune et Vert semble lointaine. Transféré au PSG pour 95 millions d’euros, l’ancien numéro 23 des Canaris connaît des débuts difficiles dans la capitale. RKM peut-il réussir durablement au PSG ? Éléments de réponse.

Feb 16, 2024 - 15:08
Feb 16, 2024 - 15:35
Kolo Muani : Icone à Nantes, pari dans la Capitale !
Randal Kolo Muani sous le maillot nantais lors de la finale de 2022

On l’avait laissé place Foch, Coupe de France dans une main, cigarette électronique à la bouche, écharpe autour de la tête et t-shirt « Vainqueur 2022 » sur le dos. Randal Kolo Muani s’apprête à fouler la pelouse de la Beaujoire pour la première fois depuis le 21 mai 2022. Soir de fête dans l’antre des Jaune et Vert pour célébrer le premier titre depuis 22 ans. L’ancien numéro 23 des Canaris était apparu ému de quitter son club formateur, retenant quelques larmes en zone mixte face aux journalistes. « Je pars l’esprit tranquille » avait simplement déclaré, apaisé, le jeune buteur nantais. Deux ans plus tard, Kolo Muani revient sur les terres de ses premiers exploits avec le maillot du Paris Saint Germain. L’annonce de son nom par Jean-Charles Verdalle, speaker du stade de la Beaujoire, est déjà attendue par les nombreux adorateurs de RKM dans la Cité des Ducs de Bretagne. 

Premier match à la Beaujoire depuis le 21 mai 2022

Parti libre du FC Nantes, le natif de Bondy a surfé sur une saison tonitruante du côté de Francfort (50 matchs, 26 buts, 17 passes décisives) et une finale de Coupe du monde où il aurait pu entrer dans la légende, pour s’engager au PSG contre 95 millions d’euros. Le FC Nantes peut regretter de ne pas lui avoir fait une proposition salariale à la hauteur de son talent. « Puisque vous vous intéressez beaucoup plus au foot que moi, sachez qu’un bon avant-centre doit marquer au minimum quinze buts, si ce n’est plus » avait déclaré, visionnaire, le président Kita. Bourreau des Canaris à l’aller au Parc des Princes, le néo parisien n’avait pas « célébré » outre mesure son but libérateur face à son club formateur. "Il y a eu énormément de bas, a reconnu l'international français à l’issue de la rencontre. Après, c’est à moi de relever la tête, j’y parviens tout doucement. » 

Buteur à l’aller au Parc des Princes

Au PSG tout semble plus compliqué pour le joueur originaire de Villepinte, au nord de la Capitale. « Revenir dans la région parisienne ce n’est jamais simple comme le disait Serge Aurier au moment de son retour, rapporte Bruno Salomon, la voix du PSG sur France Bleu Paris depuis 2007. Tu retrouves les potes, la famille, les contacts. Tu peux être happée par une vie plus intense… Les sollicitations sont permanentes. À Francfort, il a pu se concentrer sur le travail. » Cette saison, RKM peine à convaincre. Avec 8 buts (dont 2 face à Revel) et 3 passes décisives en 23 matchs, le bilan de l’ancien Canari déçoit. Pire, RKM semble traîner son spleen sur la pelouse du Parc. « Tout ce qui nous revient du Camp des Loges c’est que ça se passe bien et que le garçon a trouvé ses marques. Pour l'instant, il n'arrive pas à s’épanouir à Paris sur le terrain. Il ne respire pas le bonheur. Il faut qu’il digère son transfert. Ça ne fait que 5 mois… », continue le commentateur parisien.  

Un tourbillon médiatique sans commune mesure avec Nantes

L’exposition médiatique, sans commune mesure avec ce qu’il a vécu à Nantes ou Francfort peut s’avérer destructrice. Il est notamment la cible des humoristes du foot comme Julien Cazarre et de critiques acerbes des supporters parisiens. « Il faut qu’il apprenne à encaisser le PSG, analyse Bruno Salomon. Qu’il prenne exemple sur Dembele, Mbappé ou Hernandez, français comme lui, et au cœur de la machine médiatique, pour se créer une bulle et prendre du recul. C’est plus facile pour un joueur étranger. » Sur le terrain le joueur est balloté d’un poste à un autre. Concurrencé par Barcola et Mbappé à gauche, Dembele et Asensio à droite et Ramos en pointe. L’ancien nantais peine à trouver sa place dans un système où Luis Enrique demande une grande adaptabilité à ses joueurs. « Il n'y a que des internationaux dans ces vestiaires. J'ai connu ça à Marseille, se remémore  Jocelyn Gourvennec. Tu peux jouer des coudes mais c'est dur de se faire se place. C'est surtout la-dessus que la donne change pour un joueur. » Randal Kolo Muani ne dit pas autre chose : « Il y a de la concurrence, on est dans un grand club, ce sera à moi de faire mes preuves. Ce sera à moi de continuer à travailler et d’ écouter les consignes du coach que je joue à droite à gauche ou devant » Que Randal Kolo Muani se rassure, tout n’a pas été simple pour l’une des premières légendes du club de la Capitale : « Tout le monde voulait mettre Rai dans l’avion après sa première saison, sourit Bruno Salomon. Finalement, il a marqué l’histoire du club. » C’est tout ce qu’on souhaite à l’ancien chouchou de la Beaujoire.

Matthieu BELLÉE Journaliste au Journal Nantes Sport