"La programmation de la finale de la Coupe de France fausse le championnat"

Le FC Nantes et le Toulouse Football Club se retrouvent pour la finale de la Coupe de France samedi au Stade de France. Que vous inspire cette finale ?

C’est difficile de suivre depuis que mademoiselle, j’appelle toujours la Coupe de France mademoiselle, parce que je la compare toujours à une femme difficile et capricieuse, avec à chaque tour minimum une surprise. Et souvent, il y a des finales surprises. Pour les pronostiqueurs que nous sommes, nous voyons plus un OM-Lyon qu’un Toulouse-Nantes. Et avec une coïncidence qui comme souvent n’en est pas une, c’est la revanche un peu de ce barrage qui s’est joué à vraiment pas grand-chose il y a deux ans. En ce qui me concerne, je constate la présence de deux très bons entraîneurs (ndlr : Antoine Kombouaré à Toulon et Philippe Montanier à Toulouse) que j’ai eu le plaisir d’avoir comme joueurs et cette liste est très longue, avec en tête de liste Zizou.

Quel regard portez-vous sur cette équipe de Toulouse et sur le travail réalisé par Philippe Montanier ?

C’est un club très bien organisé avec beaucoup de gens compétents, et notamment le président Comolli. Olivier Sadran avait quand même fait du bon boulot avant, d’ailleurs Damien Comolli récemment l’a signalé avec notamment la formation des jeunes. Parce que Toulouse, c’est quand même un endroit que j’ai connu et qui peut rappeler Toulon, où le sport collectif n°1, ça serait plutôt le rugby avec un parcours du Stade Toulousain tout simplement exceptionnel. Et malgré ça, Toulouse arrive à devenir un club important, sans oublier que Toulouse est la 4^ème ville de France. C’est quand même une finale entre la 4^ème et la 6^ème ville de France. Toulouse va donc essayer de tout faire pour devenir le 4^ème ou 5^ème club le plus important de notre pays et Nantes l’a déjà été plusieurs fois. 

"Démontrer pour qu'un jour, je ne sois plus tout seul à me battre contre cette injustice, cette maladresse et cette incompétence"

Vous avez expliqué récemment sur le site du 10 Sport que la programmation de la finale de la Coupe de France faussait le championnat. Vous militez, comme cela se fait en Allemagne, pour que la finale de la Coupe de France soit jouée une fois le championnat terminé. 

Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il se fait en France. Et là je constate tout simplement que le championnat est faussé mais la finale aussi. Celui qui arrivera à me démontrer le contraire sans prétention, je lui présenterai même mes excuses. Il y a un club qui est sauvé de la descente et un club qui se bat pour ne pas descendre. Et même si mademoiselle Coupe de France est capricieuse et en espérant que je me trompe pour nos amis nantais, je mets Toulouse en favori. Je veux démontrer pour qu’un jour je ne sois plus tout seul à me battre contre cette injustice, cette maladresse et cette incompétence, que la finale est faussée et le championnat aussi. 

Pour quelles raisons ?

Que Toulouse gagne ou perde, ils ne peuvent pas jouer un match de championnat trois jours après une finale de Coupe de France, que l’on ait eu l’émotion de la gagner ou l’émotion de la perdre. Les Toulousains rejouent trois jours après face à Lens. Si je suis Toulousain, je ne suis pas content mais je m’en fous un peu puisque je suis déjà sauvé. Si je suis Lensois, je ne suis pas content parce que je suis peut-être avantagé de rencontrer Toulouse mais trois jours après, je suis désavantagé de recevoir Marseille. Et si je suis l’OM, je ne suis pas content de voir que Lens va rencontrer un Toulouse avec pratiquement la certitude de prendre trois points. J’en arrive sincèrement à plaider cette situation mais d’être pratiquement tout seul à constater et contester ça, c’est fatiguant. Je vais regarder cette finale mais je ne parle même pas des éventuelles blessures et de la prolongation, ce qui fausserait encore plus la suite de notre saison. 

"Essayez de faire de la finale de la Coupe de France une date catastrophique pour fausser le championnat. Et bien, tu ne peux pas faire mieux !"

Votre raisonnement est le même pour Nantes et Brest ?

Oui car Brest peut être content de rencontrer Nantes qui aura joué la finale mais d’un autre côté, ils devront aller à Lorient qui sera frais et reposé comme ce n’est pas possible. 

On vous sent particulièrement remonté…

Quand je conteste quelque chose, j’ai pour habitude de donner des arguments et des solutions, bonnes ou mauvaises. Ça fait 25 ans minimum que j’insiste pour que la finale de la Coupe de France se retrouve trois jours après la dernière journée de notre championnat. Une finale de Coupe de France, ce n’est pas un match comme les autres. C’est un évènement avec des émotions qui sont énormes. On ne récupère pas d’une finale comme ça, comme après un match de championnat. Je parle simplement du stress que peut procurer cet évènement. Je ne sais pas quand même si on se rend compte : nous avons Strasbourg-Lyon vendredi, la finale samedi, la journée de championnat dimanche. J’étais toujours été moqueur et chambreur, je ne vais pas changer. Si tu demandes à des gens qui sont responsables du calendrier en leur disant : essayez de faire de la finale de la Coupe de France une date catastrophique pour fausser le championnat. Et bien, tu ne peux pas faire mieux ! C’est tellement simple de faire la finale trois jours après la fin du championnat où on saura si les deux équipes sont maintenues. C’est tellement énorme que je ne sais plus quoi dire. Là où je suis surpris et déçu, c’est que ni les Toulousains ni les Nantais avant même de savoir les résultats qu’ils allaient faire en championnat, n’ont protesté depuis plusieurs semaines. Imaginons que les Nantais, même en faisant une très bonne finale, la perde. Et sur les matchs suivants, par la fatigue, la déception, ils descendent en Ligue 2. Et là, ils viendront se plaindre. Mais dans mon dictionnaire, anticiper c’est deviner avant, pas après. C’est moi qui me fais l’avocat des clubs. J’espère me tromper, mais il y a quand même de grandes chances que je ne me trompe pas.

Propos reccueillis par Lionel Schneider