Thibaud Lefrançois, un parcours inspirant

Avec un pied sur Terre et une “jambe de robot”, comme aiment le dire les enfants qui le croisent, Thibaud Lefrançois compte bien participer aux prochains Jeux Paralympiques de Paris 2024 en volley assis. Un sport qui rythme ses journées depuis son accident et son amputation. Sélectionné dans l’équipe de France depuis un moment, Thibaud sera un élément incontournable pour essayer de remporter une médaille tant convoitée par la discipline. Entretien.

May 22, 2023 - 14:19
May 23, 2023 - 10:34
Thibaud Lefrançois, un parcours inspirant

Racontez-nous votre accident.

J’ai eu un accident de travail il y a 5 ans, mon pied a été très abîmé et j’avais peu de chances de pouvoir remarcher avec ce pied. Les médecins m’ont parlé très vite d’amputation avec toute une phase de rééducation. C’était une étape très compliquée que ce soit sur le plan physique et psychologique. Ça prend un certain temps d’apprendre à marcher avec cette prothèse en prenant en compte la phase d’acceptation de mon nouveau corps. 

La société nous voit pour ce qu’on est corporellement. Avant, on me percevait comme Thibaud avec ses qualités et ses défauts. Maintenant, on me perçoit comme Thibaud en situation de handicap. Il faut accepter le regard différent des personnes, en parler et être à l’aise avec ça. Personnellement, le regard des gens ne m’impacte pas plus que ça car je sais ce que je suis. On pense qu’il y a seulement les personnes en situation de handicap qui en ont un, mais finalement ceux qui ont des lunettes ont aussi un certain handicap. Il faut s’adapter et faire comprendre aux autres qu’on est comme tout le monde.

 

L'accident a t-il été le détonteur de votre pratique sportive ou s'agit-il d'une passion plus ancienne ?

Je faisais beaucoup de badminton et j’étais moniteur de kayak/polo. J’ai toujours été un gros fervent de sport. Je pratiquais aussi l’escalade et de la course à pied régulièrement. Dans tous ces sports, je ne peux plus tous les faire comme la course à pied (rires). Mais, je peux encore faire du kayak même si les sensations sont bien différentes. J’avais pas du tout les mêmes sensations dans le sport, j’étais très frustré par rapport à ça, ce fût difficile à intégrer.

Un jour je suis tombé sur une annonce sur les réseaux sociaux, le programme "La Relève". L’idée était de cibler les qualités physiques des personnes en situation de handicap et de leur faire découvrir plusieurs disciplines dans l’idée de faire de la compétition. Le volley assis, ça m’a tout de suite plu. J’ai également essayé le paratriathlon, l’aviron et le canoë kayak. 

Le sport m’a vraiment aidé dans cette phase de reconquête de mon corps. Il m’a aidé à regagner en mobilité. Si j’étais resté chez moi à ne rien faire en étant très peu dynamique, je n’aurais pas gagné de mobilité et d’aisance avec ma prothèse. Collectivement, en équipe de France, on est tous des anciens sportifs, pour aller dans le haut niveau il faut type d’expérience. On a déjà la culture du sport et le haut niveau ça s’acquiert.

 

Vous avez déjà été sélectionné avec l’équipe de France, quelles étaient vos premières impressions ?

C’est une immense fierté, on a tous le regard de gamin avec des étoiles dans les yeux. Le fait d’avoir porté ce maillot, c’est dingue ! On a envie de se dépasser. Ça nous galvanise, chanter la marseillaise c’est quelque chose d’assez fort à mon sens.

J’étais très loin d’imaginer que je pourrais faire des Jeux Paralympiques. Je suis un grand fan de sport, pour moi c’était inimaginable. Plus les compétitions avancent, plus je suis sélectionné. J’essaye de garder cette âme d’enfant pour ne pas normaliser le fait de représenter la France. Il faut que je continue de m’entrainer au quotidien, cela demande beaucoup d’efforts et de motivation.

 

Vous avez une attache particulière à la ville de Nantes ?

Je suis un Nantais pure souche. J’aime cette ville inconditionnellement, j’y ai fait mes études. C’est vraiment une ville à laquelle je suis attachée, sportivement et culturellement. Le fait d’avoir été nominé pour le trophée des sports nantais aux côtés de ces grands sportifs est vraiment un honneur et une fierté.

Cette année, les équipes professionnelles de volley nantaises ont fait une grosse saison. J’ai été plusieurs fois à la Trocardière, le NRMV nous a fait vibrer cette année. Je regardais toujours leurs résultats. J’aime beaucoup suivre aussi les Neptunes, elles ont fait une belle saison, c’est toujours un plaisir d’y aller avec l’ambiance qu’il y a. En plus, c’est mon club et j’aime beaucoup leur politique. Ils ouvrent leurs portes à des joueurs et des joueuses avec ou sans handicap.

 

Paul Sabio Journaliste passionné de sport spécialisé dans le tennis, le football et le volley-ball.