Sylvain Charley : "La Coupe de France est un véritable objectif pour le RC Lens"
Journaliste pour France Bleu Nord, Sylvain Charley sera au stade de la Beaujoire ce soir pour commenter le 1/4 de finale entre le FC Nantes et le RC Lens. L'ancien journaliste de RTL décrypte cette affiche et évoque les ambitions des Sang et Or dans cette compétition qui fait défaut au palmarès du RC Lens.
Dans quelles conditions le RC Lens aborde-t-il ce quart de finale dans un contexte particulier de huis-clos à la Beaujoire ?
Les joueurs sont un peu frustrés de ne pas pouvoir vivre ce match avec le public en fait, parce que je sais que Florian Sotoca après le match à Montpellier disait que c'est assez rare dans une carrière de pouvoir disputer un 1/4 de finale et qu'il était un peu désolé pour les supporters lensois et nantais de ne pas pouvoir jouer ce match avec le public en plus à la Beaujoire où il y a une vraie ferveur. Et d'ailleurs, il y a aussi une vraie frustration des supporters qui auraient aimé faire le déplacement, donc ils sont un peu dégoûtés de ça, ils ont l'impression de faire un retour en arrière et de revivre la période Covid. Après il n'y en a aucun qui se dit que ce sera un avantage de ne pas avoir de public ce qui pourrait leur permettre de s'imposer. Ce n'est pas quelque chose selon eux qui va jouer en leur faveur, c'est peut-être aussi du discours de façade mais en tout cas ce n'est pas le discours qui est tenu. En tout cas, ils sont vraiment frustrés de ne pas vivre un 1/4 de finale de coupe de France dans une vraie ambiance.
Les Sang et Or s'attendent-ils à un tout autre match que celui d'il y a dix jours où Antoine Kombouaré avait beaucoup fait tourner son effectif ?
Oui parce que comme les nantais, même si ce n'était pas un objectif au départ parce que tout dépend du tirage et des aléas de la compétition, aujourd'hui c'est un véritable objectif. Ils savent qu'en face, il va y avoir une équipe nantaise qui voudra conserver son trophée et qui sera forcément un peu revancharde après le match de championnat que Lens avait gagné mais face à une équipe qui avait été remodelée entre les deux matchs face à la Juventus. Donc ils s'attendent à une toute autre opposition, ils ne se disent pas on va revoir les nantais qui étaient peut-être un peu moins concernés la fois dernière en championnat. Donc oui, ils s'attendent à une autre opposition.
"Ludovic Blas est le danger numéro 1"
C'est une grosse semaine pour les lensois avec en ligne de mire le derby face à Lille. Est-ce que tous les regards sont déjà braqués sur ce match plus que sur ce quart de finale de coupe de France ?
Les lillois sont à fond sur le derby déjà mais les lensois ils se disent non, ce n'est pas seulement la semaine du derby. C'est une semaine importante à différents degrés en fait, à double détente parce qu'il y a la possibilité de se qualifier pour une 1/2 finale de coupe de France, ce que le club n'a pas vécu depuis 2010. Et derrière, gagner à nouveau le derby, prendre sa revanche du match aller face à Lille et surtout conforter sa quatrième place et pourquoi pas mieux parce que même si les joueurs et les dirigeants aujourd'hui font preuve de modestie en disant on surperforme mais à 13 journées de la fin du championnat, ils sont en course pour une place européenne et encore mieux pour une place en Ligue des Champions. Donc comme la coupe est un véritable objectif, ils ne se disent pas, tout sur le derby. Ils veulent vraiment être capables d'enchainer les deux et Franck Haise disait d'ailleurs en conférence de presse d'avant-match qu'il avait de nombreux joueurs qui lui ont montré depuis le début de la saison qu'ils étaient capables d'enchainer plusieurs matchs, et qu'aujourd'hui il a pas mal de joueurs cadres qui physiquement peuvent débuter trois matchs en une semaine.
Franck Haise a donc clairement fixé la coupe de France comme un objectif sur cette fin de saison ?
Il est comme beaucoup, il se dit qu'il faut aller vers quelque chose dans cette compétition où Lens n'a pas brillé depuis longtemps et une 1/2 finale perdue lourdement à Monaco (6-0). Et depuis la finale disputée en 1998 (ndlr : perdue face au PSG), Lens a disputé quatre 1/4 de finale dont le dernier qui a été une énormé désillusion en 2018 face aux Herbiers où ils avaient été battus aux tirs au but. Il faut savoir que c'est une compétition que Lens n'a jamais gagné, donc il y a aussi cette part d'histoire qu'il aimerait pouvoir mettre de côté. Aujourd'hui c'est l'entraîneur lensois qui a les meilleurs résultats dans l'histoire de la Ligue 1 devant un entraîneur comme Daniel Leclercq. Donc il faut aussi marquer les esprits en coupe de France.
Quel regard portez-vous sur cette équipe nantaise qui a beaucoup de mal à marquer à domicile ?
Je trouve que c'est une équipe nantaise qui a véritablement trouvé un équilibre notamment défensif même si le match à Lens et le match retour face à la Juventus ont un peu contredit cette donnée. Je trouve que depuis le début de l'année, Antoine Kombouaré a réussi à retrouver un équilibre défensif. Après offensivement sur le papier, c'est hyper intéressant mais encore faut-il que ça prenne. Andy Delort c'est quand même un super joueur mais il a besoin de trouver ses marques, Ludovic Blas pour moi c'est le danger numéro 1, Moses Simon lui aussi c'est un joueur de grand talent. Après Ignatius Ganago à Lens, il n'a pas forcément marqué les esprits et j'ai l'impression aussi qu'il a du mal à trouver ses repères à Nantes même si en plus il a ce deuil familial terrible. Sur le papier, cette équipe doit être impressionnante offensivement mais on a la sensation qu'elle doit encore trouver des repères, surtout avec l'arrivée d'Andy Delort. Mais sur un match comme ça à domicile même sans public, Nantes est largement capable de dominer une équipe lensoise qui en ce moment manque cruellement de réalisme à la fois dans les deux surfaces en fait. Défensivement, Lens reste sur 8 matchs avec au moins un but encaissé et Openda et Sotoca qui attendent depuis longtemps de retrouver le chemin des filets en Ligue 1.
Propos reccueillis par Lionel Schneider