Stade Nantais : Jordan Peyri : « Je ne sais pas faire semblant »

C’est un guerrier de la première ligne, de ceux qui ont écumé les terrains de Fédérale 1, Pro D2 et même Top 14 et européens. Jordan Peyri, 28 ans, 1,80m pour 103 kg, ne s’économise pas quand il faut partir au combat pour défendre ses couleurs.

Oct 15, 2025 - 08:08
Oct 10, 2025 - 11:30
Stade Nantais : Jordan Peyri : « Je ne sais pas faire semblant »

Vous êtes de Brive-la-Gaillarde, où le rugby possède une aura énorme. Cela a été une évidence  de le pratiquer ?

Jordan Peyri : C'est mon papa qui m’y a amené. Étant alors gendarme, on n’a pas mal bougé et j’ai joué à Egletons. On est parti vivre quatre ans en Afrique, au Bénin, où il n'y avait pas de rugby. Mais je continuais à en faire avec mon frère. Et en rentrant en France, revenus Egletons, nous sommes partis à Montluçon et je me suis mis dans le rugby à fond. Plusieurs clubs qui m'ont appelé, j’ai fait es sélections et j'ai joué à Lyon, Aurillac, puis cela a été Agen, Tarbes, Marmande.

 

Vous goûté à des clubs qui tiennent.

J.P : C'est vraiment top, ça donne toujours envie d'y retourner, même si c'est compliqué. Mais j'ai eu cette chance de connaître pas mal de choses dans le monde du rugby, et avoir la chance de m'entraîner toute la semaine avec des champions du monde, des internationaux, donc forcément c'est un grand plus aussi pour se développer. Et après il y a eu les aléas du Covid, des blessures qui ont fait que j'ai pas mal bougé, changé de club…

 

… Jusqu’à arriver à Nantes.

J.P : Dylan Pierre, qui est un très bon ami à moi, qui a signé ici. Et du coup j'étais en recherche d'un nouveau projet, parce que là où j'étais ça se passait pas très bien, et ça me convenait pas. Et du coup Dylan m’a dit « si tu veux il cherche un talonneur ». J’ai eu des entretiens avec Florent (Bonnefoy), qui m'a présenté le projet et et ça m'a plus. Comme le côté d'être pro à 100%, je n’ai connu que ce statut.

 

Le rêve de jouer dans l’élite a été atteint, mais des claques reçues  aussi ?

J.P : Oui,… J'avais signé 2 ans. À Agen Et il y a eu un changement d'entraîneur qui a rebattu toutes les cartes. Donc du coup, tu prends la réalité pleine tête. Cela avait été annoncé très tard, pas trop le temps de se retourner. C'est vrai que tu prends la réalité, mais tu sais aussi ce qu'il faut faire pour essayer d'y retourner. Et tu sais aussi que c'est très très dur, parce qu'une fois que le wagon est passé, il est passé. Mais je garde zéro regret, parce que je sais que j'y ai goûté. Après le rugby, ça reste toujours la même chose. Il y a la même exigence. La nécessité d'être performant, tous les aléas de la blessure, des changements de coach.

 

« Le combat, c’est vraiment ce que j'affectionne plus »

 

Justement, la blessure aurait pu vous sortir définitivement de ce monde de l’ovalie...

J.P : J'ai eu un gros problème aux cervicales Pendant 6 mois, quand tu fais de l'électricité dans le bras tous les jours,  qu’on te dit que tu n'es pas sûr que tu vas pouvoir réutiliser ton bras, etc... Mais à Agen j’ai repris de suites avec les pros : ils m'ont redonné ma chance pour me lancer. Et j'avais eu la chance de faire des bons matchs. Pour gratter des matchs, il fallait vraiment t'y envoyer fort (sourire). J’ai appris cela et c’est ce que je voudrais faire passer aux plus jeunes : prends ta chance. Que tu rentres 5 minutes,  2 minutes ou une mi-temps.

 

Qu’est ce qui a fait vous avez émergé en tant que talonneur, jusqu’à rejoindre Agen ?

J.P : Je pense que, rugbystiquement, je ne suis pas le joueur avec le plus de technique. Mais je suis un gros gros bosseur. Même si tu te rends compte que cela ne suffit pas dans le monde pro et dans le sport en général pour réussir. C’est l'éthique de travail que j'ai eue à Agen,  qui, à l'époque, était le meilleur centre de formation de France. Mes qualités. Je pense qu’elles sont ce qui fait la base du poste : la touche et le combat. C’est vraiment ce que j'affectionne plus. Forcément, c'est au détriment de mon corps.

 

« Je ne sais pas faire semblant »

 

Ce poste semble avoir été du sur mesure pour vous en somme !

J.P : J'ai toujours été un petit gros (rire). Mais il n'y a pas qu'une question de physique, il y a une question d'état d'esprit aussi. Par exemple, dans l'équipe, on a des joueurs qui sont des très grands joueurs de ballon. Donc du coup, avec mon profil, ça se complète. C'était ce que voulait amener aussi, Flo. Chez nous, on a des artistes. Mais avant de jouer à la balle, Il faut faire le sale boulot. Si devant, nous, on ne fait pas le taf, eux, c'est sûr qu'ils ne se régaleront jamais. Et cela leur permet régulièrement de nous sauver les fesses sur des exploits (rire).

 

Vos coéquipiers vous le rendent bien, plaisantant souvent sur votre côté râleur...

J.P : Oui, j'ai toujours eu ce côté râleur… mais en apportant quand même des solutions.  Je ne râle pas dans mon coin. Bon OK, si, ça m'arrive (rire).  Perdre, ce n'est pas mon délire. Quand tu viens à l'entraînement, c’est à 100 %. Si l'entraînement s'est mal passé, ça me casse les pieds. Ça se voit sur mon visage. Je pense que je suis une de ces personnes qui ne savent pas faire semblant.  Si j'ai un truc à te dire, positif, négatif, je vais te le dire. Souvent, je suis le premier dans l'embrouille sur le terrain, aussi. S'il y a un mec qui touche à l’un de mes coéquipiers, je viendrai le défendre. Après, j’avais prévenu Flo’ quand je suis venu ici : j'ai un très mauvais caractère (sourire).  Je sais être «  bonhomme » , rigoler… Je suis le premier à le faire dans le vestiaire. Il faut juste que je n’ai pas perdu au tarot ou au wizard dans le bus !

Propos recueillis par Gaëlle Louis