Corsaires de Nantes : Eliot Ardouin : « Je n'ai jamais arrêté de croire dans ce projet »      

Le trentenaire bordelais a adopté la ville de Nantes et investit le navire Corsaires avec conviction. Avec l’envie de mener le plus loin possible le projet du club, Eliot Ardouin, devenu un pilier de l’effectif depuis son retour en 2023, pose un regard réaliste sur un premier pan de compétition compliqué pour sa troupe.

Nov 11, 2025 - 20:33
Corsaires de Nantes : Eliot Ardouin : « Je n'ai jamais arrêté de croire dans ce projet »         

L’heure du premier bilan avant un mois ultra chargé a sonné. Comment vous sentez-vous ?

Eliot Ardouin : Évidemment que ça pèse sur le moral et sur le physique. On récupère toujours moins bien lorsque l'on est embourbé dans la défaite. Cela s'accumule avec ces sept revers d'affilée. Le danger serait de se perdre dans un cercle vicieux. Et c'est à nous de tout faire pour en sortir. 

Les efforts et progressions sont visibles, mais vous peinez à débloquer votre situation comptable...

C'est ça, on y est… presque. Il y a eu beaucoup de matchs où cela ne passe vraiment pas loin. Et à part les deux premiers de la saison et Chambéry (7-2), on peut avoir de la frustration. On est dans une situation où le scénario se répète. C'est seulement à nous de trouver les solutions en tirant les leçons de ces échecs-là. Si on tarde trop, on va finir par aller sur la glace avec la peur au ventre de reproduire les mêmes échecs. 

« Le Petit Port, c'est vraiment notre maison »

Quel serait le plus gros des écueils, selon vous ?

De se mettre à jouer de façon différente. On n'aurait pas les mêmes attitudes sur la glace. On sait que nous ne sommes pas à notre niveau et que nous ne sommes pas à la place où ce collectif devrait être en donnant sa réelle mesure. Cela veut dire pour nous, notamment les leaders, d'être capables de mobiliser chaque jour l'équipe. De trouver de quoi garder la tête haute avec les bons mots. Car on est tous conscients de la qualité du groupe, mais la réalité est tout autre au classement.

Enfin récupérer le Petit Port après deux mois et demi de repli dans le sud-Loire doit changer la vie de tous !

Voilà un vrai soulagement ! Et ce n'est pas que dans le fait de récupérer notre outil de travail. Cela fait deux mois que l'on attendait ça, et ce lieu, c'est vraiment notre maison. Même si nous avons été très bien accueillis à Rezé ! Typiquement, on sort d'un week-end compliqué à Villard de Lans, on a eu une pause réunion le dimanche, et le lundi matin, même si tu n'as pas trop le moral, le fait de se retrouver tous dans notre vestiaire au Petit-Port, nous a permis de nous sentir un peu plus légers.

Après une saison chez les Corsaires, vous faisiez le choix de rejoindre l’Hérault. Quelles ont été les motivations pour remettre le cap à l’Ouest et être toujours présent pour cette quatrième saison ?

Mon retour à Nantes avait été vraiment motivé par le projet mis en place à l'époque par François Dusseau et Martin Lacroix. Quand j'étais parti à la fin de la saison 2021 pour Montpellier, ce n'est pas parce que je ne me sentais pas bien à Nantes, mais j'avais eu l'opportunité de prendre du temps de jeu et des responsabilités, et donc de nourrir ma confiance et mon expérience. J’avais beaucoup aimé la ville et revenir ici, avec un staff exigeant, qui nous permettait de performer et d'y trouver du plaisir, c'est tout à fait ma philosophie. Je n'ai jamais arrêté de croire dans ce projet, même s'il y a eu des batailles permanentes, en dehors de la glace, pendant deux saisons. Les dirigeants ont toujours été hyper transparents avec nous, ont toujours tenu leurs engagements, et nous ont prévenu des soucis à venir. Ils nous ont fait confiance, et moi j'avais envie de leur faire confiance, et de donc continuer l'aventure.

« Pas le moment de changer drastiquement ce que l'on est capable de faire »

Avec cette gestion des moments de doute en ce début de saison de saison compliquée, loin de votre public, trouver la petite lumière n’a rien d’aisé…

C'est donc à nous de répondre sportivement, afin que l'on puisse avancer à tous les niveaux. C'est vraiment très dur d'être toujours en dehors de son antre. Déjà pendant les matchs, parce qu'il est impossible d'aller chercher l'énergie dans le public, auprès des supporters, des têtes familières, des amis ou de la famille. Quand tu es fatigué, c'est de ça dont tu as besoin, pour faire le petit effort en plus, pour faire pencher la balance du bon côté.  Alors bien évidemment, ce ne sont pas des excuses, simplement un constat : deux matchs par semaine, sur les dix dernières nuits, on en a quand même passé six dans le bus.

« Je me dis que la solution, c'est d'avoir une mémoire de poisson rouge. Et que ça puisse effacer tous les fantômes que l'on a eu au-dessus de nos têtes depuis. »

Du team building concentré, en somme ?

Tout ça, c'est à double tranchant. Quand tu gagnes, c'est plutôt chouette. Quand tu perds, cela pourrait être compliqué à gérer. Mais on a de la chance d'avoir vraiment un super groupe. On s'entend vraiment très bien. Et je suis sûr que quand nous sortirons de cette séquence, on se sentira encore plus fort.

Vous devez être en effet tous très heureux de pouvoir enfin jouer devant notre public au mois de novembre !

Mais il y a de grandes précautions à prendre ! Déjà, être capable de faire redescendre la pression qui va être là, c'est certain. Je me dis que la solution, c'est d'avoir une mémoire de poisson rouge. Et que ça puisse effacer tous les fantômes que l'on a eus au-dessus de nos têtes depuis.

Quel sera le mot d’ordre ?

Il faut que l'on puisse profiter de ces moments par de la performance sur la glace. Cela veut dire se montrer très prudents parce qu'il ne va pas falloir déjouer. Ce n'est vraiment pas le moment de changer drastiquement ce que l'on est capable de faire sur la glace.

 Propos recueillis par Gaëlle Louis