Tour de France : Louis Barré, notre régional de l’étape !

Originaire de Divatte-sur-Loire, dans le vignoble nantais, Louis Barré sera notre « régional de l’étape » sur le Tour de France 2025. Pour sa première sur la Grande Boucle, sous les couleurs d’Intermarché-Wanty, le puncheur a forcément quelques idées pour montrer le maillot et qui sait remporter une étape, lui qui s’est déjà illustré lors des championnats de France en finissant 6e aux Herbiers. Le Journal Nantes Sport a pu échanger avec le jeune cycliste de 25 ans quelques jours avant les premiers coups de pédale, au départ de Lille.

Jul 4, 2025 - 19:38
Tour de France : Louis Barré, notre régional de l’étape !
@Intermarché-Wanty

Louis, une semaine avant le Tour de France, tu as pris la 6e place aux championnats de France, aux Herbiers ! Que représente cette performance pour toi ?

Honnêtement, je suis un peu déçu, car je venais pour gagner, mais les circonstances de course ont fait que c’était compliqué de lutter contre les grosses armadas qui étaient bien représentées à l’avant. Pas de regret, j’ai tenté ce que je voulais faire, c’est-à-dire d’attaquer au dernier tour de la bosse. Ce qui a manqué, c’est un peu de chance. Pas de regret, car je savais qu’au sprint, j’étais battu.

Que ressent-on quand on est sélectionné pour le Tour de France ? C’est une sorte de rêve pour tout cycliste français…

Oui, c’est ça, pour tout cycliste français, c’est l’objectif de faire le TDF au moins une fois dans sa carrière et de le finir. Après, je vais avoir des objectifs encore plus hauts, pas que de le finir, essayer de faire des résultats sur des étapes, c’est aussi ça l’objectif sur ce TDF !

 

Est-ce que tu es arrivé sur le Tour de France en confiance, et en bonne forme physique et mentale, mieux qu’au Giro 2024 par exemple (il avait chuté à la 10e étape et avait dû abandonner) ?

Oui, forcément en confiance, mais sans excès de confiance non plus. Je sais que la forme est bonne, et donc qu’il y a des possibilités. Après, on ne va pas se mentir, face aux meilleurs du monde, si ce sont des étapes où ça contrôle et sur des arrivées de puncheurs, ça va être compliqué de gagner. Les seules chances de gagner, je pense que c’est en échappée.

 

Est-ce que dans ta tête, participer au Tour 2025, c’est une « revanche » par rapport au Giro (Tour d’Italie) de l’année dernière, votre premier grand Tour ?

Par rapport au Giro de l’année dernière, non, ce n’est pas une revanche, car quand je suis arrivé au Giro, je n’étais déjà pas bien avant, il n’y a aucune revanche là-dessus.

 

Est-ce qu'il y a des étapes que tu as repérées sur le parcours des étapes, où avec ton équipe vous vous êtes dit : « Là, il y a un plan » ?

Concernant le parcours, j’ai quelques étapes que j’ai cochées qui me conviennent assez bien. Et puis quelques étapes pour les échappées, donc il y a pas mal de jours où je peux avoir ma carte et essayer des choses. Je pense que le tracé est assez propice pour ça.

 

« L’année dernière, j’ai fini à 28 000 km et donc là, cette année, je vais faire un petit plus, autour des 30 000 ! »

 

Concernant le tracé, est-ce que tu n’as pas de regret qu’aucune étape ne passe par Nantes ?

Pas de gros regrets, mais ça aurait été vraiment cool parce que ça fait vraiment très longtemps que ce n'est pas passé par Nantes, j’espère que ça passera bientôt à Nantes ! Après, ça ne passe quand même pas trop loin de Nantes (8e étape : Saint-Méen-le-Grand (35) - Laval), donc ça, c’est quand même cool !

 

Est-ce que ta famille, tes proches te suivent sur cette Boucle ?

Oui ! Déjà, aux Championnat de France, j’avais beaucoup d’encouragements aussi, il y avait pas mal de monde que je connaissais au bord du circuit. Pour le Tour de France, j’aurai du monde aussi sur la route pour m’encourager, qui va venir, surtout dans l’Ouest. Et puis, il y a mes parents qui vont suivre la quasi-totalité du Tour de France, donc je vais pouvoir les voir assez souvent. Comme mes frères et toute la famille aussi, donc il y aura du monde tout le temps, et ça, c’est bon pour le moral !

 

As-tu encore des liens avec ta première équipe, l’UC Nantes-Atlantique anciennement Team U Nantes ? Est-ce que tu les vois encore ?

J’ai encore des contacts avec eux, parce que je suis encore licencié dans ce club, car, quand on est pro, il faut avoir une licence dans un club. Forcément, avec tout ce qu’ils ont faits pour moi, j’ai encore des contacts avec eux, bien sûr. Après, je ne suis pas souvent là, donc j’essaye de les voir dès que je peux, dès que je suis sur Nantes, ce qui est assez rare, car durant la saison, j’habite à Nice, et entre toutes les courses, c’est très compliqué d’être présent. Mais j’entretiens de très bons rapports avec eux, je n’oublie pas tout ce qu’ils ont fait pour moi.

 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du vélo, qui étaient ses « références » ?

J’ai toujours eu envie de faire du vélo depuis tout petit. Après, j’ai commencé un peu plus tard parce que mes parents ont préféré attendre pour me lancer. J’ai commencé par faire de l’athlétisme. Mais j’ai toujours voulu faire du vélo, dès tout jeune… J’ai commencé à 4-5 ans. J’en faisais chez moi, mais jamais en compétition, pas avant 14-15 ans. Je suivais quand même les courses à la télé, quelques coureurs qui m’inspiraient, mais je n’ai pas vraiment d’idole à ressortir.

 

Du Team U Nantes à faire le TDF avec Intermarché-Wanty, comment en es-tu arrivé là ?

J’étais à Nantes en Junior, j’ai fait notamment le Sport-Etudes au CENS, à la Jonelière. Je suis ensuite resté à Nantes en amateur, où j’ai connu une grosse blessure : fracture de la rotule et de la mâchoire, du coup j’ai été bien épaulé par l’équipe. Pendant un an, je n’ai pas pu faire de vélo, mais ils m’ont toujours soutenu, ont pris des nouvelles. Pendant ce temps-là, je suis resté à Nantes, puis j’ai repris le vélo avec eux un an et demi après la chute. Ensuite, j’ai repris et réussi à bien remarcher durant la fin de cette saison. Cela étant, j’ai signé un contrat pro avec Arkéa, et on a décidé que Nantes allait monter en catégorie continentale. Du coup, en accord avec Emanuel Hubert, on a décidé d’attendre 6 mois de plus avant de signer avec Arkéa. Du coup, j’ai fait le début de la saison avec Nantes jusqu’au 1ᵉʳ août, avant de passer ensuite chez Arkéa. Idéal pour l’apprentissage du monde pro sans pression. Avec Arkéa, j’ai pu découvrir certaines des plus grandes courses du monde, donc c’était vraiment top pour l’apprentissage durant ces deux années. Puis maintenant avec Intermarché, je peux faire les plus grosses courses du monde avec un vrai bon rôle, donc ça, c’est vraiment top.

 

« je sais que je suis capable, sur des courses où il n’y a pas de chrono et qui ne sont pas World Tour, de faire des résultats sur un classement général »

 

Comment est l’ambiance au sein de l’équipe Intermarché Wanty ?

L'ambiance est top, c'est comme une petite famille, on s'entend tous bien, même s'il y a des coureurs que je n’ai pas encore trop côtoyés. Mais l’environnement est vraiment très chaleureux. L'intégration a été vraiment rapide là-dessus. Très bon accueil dans une bonne ambiance de travail.

 

Qu’est-ce que tu as de prévu en post-Tour de France ?

J'ai de vrais objectifs après le TDF, notamment le GP de Montréal, auquel je pense beaucoup, car c'est une de mes courses préférées. Après, participer aux sélections aux championnats d'Europe et monde qui seraient juste après Montréal, ce serait incroyable ! Il y a aussi les courses en Italie, je vais faire les « Trois Vallées varésines », qui est aussi une de mes courses préférées avec Montréal. Puis je vais faire le Tour de Lombardie. Donc je vais essayer de bien finir la saison, parce que ce ne sont que des courses qui me conviennent vraiment bien.

 

Tu as une vraie envie de faire une longue saison, de surfer sur ta forme du moment…

C’est ça. Après, je suis vraiment motivé pour la fin de saison, car ce sont vraiment des courses que j’adore, donc j’ai envie d’y performer, j’ai envie de continuer de travailler. Je me reposerai certes un peu après le TDF, mais je n’ai pas envie de finir la saison « tranquille ».

 

« sur des grands Tours de 3 semaines, je préfère viser les étapes en prenant du plaisir plutôt que de finir 15e du général, par exemple »

 

Comment s’est passée la « sélection » au sein de l’équipe pour le TDF ?

Il y a d’abord eu une pré-sélection au mois de janvier de 12 coureurs. Puis, en fonction des performances, des blessures et des entraînements lors de stages en altitude, le groupe s’est affiné à 10 coureurs. Avant que les deux derniers noms qui n’étaient pas encore sûrs soient annoncés deux semaines avant le début du Tour.

 

Malgré, comme tu as dit précédemment, le fait qu’il y ait une bonne ambiance dans l’équipe, n’y a-t-il pas une sorte de compétition entre vous pendant la période de pré-sélection ?

Non, pas du tout, surtout qu’on n’a pas du tout le même profil entre certains coureurs. Quand on arrive au stage en altitude, certains savaient déjà qu’ils allaient faire le Tour, donc il n’y a pas de compétition là-dessus. Le but, c’est de donner le meilleur de soi-même, pas de se faire la guerre. À l’entraînement, on essaye de se tenir au plan d’entraînement, d'avoir confian­ce en soi et en les autres pour que ça marche. Il n’y a pas de jalousie entre nous, c’est un sport d’équipe !

 

Est-ce qu’il y a une certaine pression aux entrainements quand tu te dis que tu vas faire le TDF ou tu abordes le Tour de France comme une course normale ?

Je ne ressens pas forcément de pression pour ça. On travaille à l’entraînement pour en être, et pour les autres courses aussi. J’ai déjà la motivation, mais pas de pression. Par exemple, dans le critérium, qui était une course post-stage en altitude pour moi, je voulais y performer, sans penser que ce n’était qu’une préparation pour le TDF, je voulais forcément essayer d’y performer, car on est des compétiteurs.

 

Vous faites régulièrement des stages en altitude dans la saison, ou c’est uniquement avant les grosses courses ?

Oui, après, certains font des stages perso, mais là, le dernier, c’était un stage équipe où on était 10, histoire de bien travailler en amont et de se pousser les uns les autres.

 

Est-ce que tu sais combien de kilomètres tu peux faire sur une année ?

L’année dernière, j’ai fini à 28 000 km et donc là, cette année, je vais faire un petit plus, autour des 30 000 !

 

« à Nantes en amateur, j’ai connu une grosse blessure : fracture de la rotule et de la mâchoire, du coup j’ai été bien épaulé par l’équipe. Pendant un an, je n’ai pas pu faire de vélo, mais ils m’ont toujours soutenu, ont pris des nouvelles. »

 

Est-ce que, sur le long terme, tu as l’objectif de passer de puncheur à un coureur de courses à étapes ?

Pour l’instant, ça me convient comme ça, et tant que je n’ai pas gagné de courses, je ne changerai pas. Après, sur des courses à étapes d’une semaine, pourquoi pas, mais sur des grands Tours de 3 semaines, je préfère viser les étapes en prenant du plaisir plutôt que de finir 15ᵉ du général, par exemple. Les mecs qui font 15ᵉ du général, on n'en entend plus parler après. Même sur des courses à étapes d’une semaine, il faudrait que je m’améliore sur le chrono déjà (rire) !

 

Même si tu es un compétiteur, tu es quelqu’un pour qui le plaisir est un facteur très important ?

C’est le plus important, je pense ! S’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas de motivation et pas de résultats non plus, donc le plaisir, c’est le plus important. Après les courses par étapes, ça viendra ou ça ne viendra pas, je sais que je suis capable, sur des courses où il n’y a pas de chrono et qui ne sont pas World Tour, de faire des résultats sur un classement général, mais sur World Tour avec des contre-la-montre et tout, c’est vite compliqué, on peut vite perdre beaucoup de temps. Après, je sais que c’est possible, sur des courses à étapes d’une semaine…

 

Le contre-la-montre, ce n’est pas trop ton truc, on dirait…

Ouais, je n’aime pas trop l’exercice… Après, je ne le bosse pas trop non plus à l’entrainement, donc je pense que c’est une marge de progression aussi à avoir, et pour l’instant je ne m’en préoccupe pas trop, car ce n’était pas l’objectif de cette année de progresser sur des CLM. On verra par la suite avec l’équipe si on va travailler plus là-dessus ou pas, mais pour l’instant ce n’est pas le cas.

 

Donc pour une étape visée, on peut déjà enlever celle du CLM de Caen, sur le Tour ?

(Sourire) Oui, oui, on peut l’enlever !

 

Recueilli par Simon André et Patrick Grob

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