D1 : Les Corsaires de Nantes repartent à l’abordage de leurs ambitions
Il y a un an, les hockeyeurs nantais connaissaient des passages compliqués devant la CNCG, infligeant au champion de France sortant des lourdes pénalités pour la saison 2024-25. Après de nombreux tumultes et une situation d’urgence, finalement gérée, le passage en société a permis aux deux nouveaux présidents de mettre avec optimisme un nouveau fonctionnement sur les rails. C’est en toute transparence que Jean-Marc Rouxel et Romain Greletty on fait le point sur le passé, le présent et le futur. Cap sur l’avenir !

2024–2025 : la saison de la remise à flot
Ils ont l’habitude du froid, mais à peine le titre fêté, la douche a été glaciale pour les Corsaires du Petit Port. Car un titre de champion ne protège en rien de certains manquements et dérives qui auraient pu coûter la vie du club de la cité des ducs. « Ce n’est pas seulement sur une saison, mais plutôt une mauvaise gestion ces dernières années qui ont amené à des difficultés financières et un engrenage négatif, explique l’ancien trésorier des Corsaires, désormais président de la partie associative - le NAHG - du club nantais et également vice-président de la D1, Romain Greletty. Avant le Covid, nous étions un club plutôt pérenne. Pendant, à l’instar de beaucoup, nous avons été sur-financés par l’État. Mais post-Covid, la perte de notre plus gros partenaire qui était le Hellfest (ndlr : 60.000 € par an, des grosses ventes en termes de merchandising, soit l’équivalent d’une perte de 100.000 € sur un budget de 1 million) a fait mal au portefeuille… »
Il est alors difficile pour une discipline comme le hockey-sur-glace, dans une ville aussi riche sportivement que Nantes, que de trouver une compensation. Et les dettes qu’il a fallu rembourser ont fait disparaître toutes les économies. « Ce qui coûte cher au club, ce sont les déplacements, rappelle Jean-Marc Rouxel, alors au comité directeur du NAHG et fortement engagé principalement auprès de l’équipe fanion. Certains autocaristes n’avaient pas été payés. Et s’ajoutait à cela un partenaire qui n’a pas honoré sa promesse de don suite à un dépôt de bilan, occasionnant un trou de 39.000 € dans nos finances ! C’est donc une dette de 200.000 € qui nous a fallu combler. À la fin de l’exercice 2023-24, on est champions de France, on se retrouve bénéficiaires de 3.500 €, et je trouve en effet dans le tableau un impayé de 60.000 €… Si le refus d’accès pour la D1 à la rentrée 2024 est finalement levé en appel, la saison dernière est attaquée avec encore des dettes, 12 points de pénalités (dont trois avec sursis) et 7000 € d’amende. »
Janvier 2025 : le pied sur l’accélérateur
De quoi susciter une rupture de confiance légitime de la part de leurs partenaires un peu perdus sur certains points, et qui ont eu besoin de retrouver des fondations solides avant d’envisager un nouveau projet. « Nous avons regroupé 20 personnes dont nos homologues et voisins d’Angers, mais également Grenoble, ainsi que le Stade Nantais, afin qu’ils réalisent un partage d’expérience de leur passage en société, explique Jean-Marc Rouxel, porteur depuis plusieurs années de cette volonté, et devenu dernièrement par la même occasion président de la SAS Hockey Pro Nantes. On leur a laissé le temps de considérer tous ces regards et ces nouvelles informations et on leur a proposé de revenir 15 jours après pour nous faire part de leurs retours sur cette nouvelle vision entreprise… et tous sont revenus (sourire). Cela nous a permis de conserver près de nous 12 investisseurs nantais, 100 % actionnaires, levant 380.000 € de fonds. Ce qui était essentiel, c’était qu’ils comprennent qu’il fallait sauver l’association pour sauver la D1. Et donc que, pour 10.000 € investis, 5.000 allaient vers l’association pour boucler la dette et 5.000 étaient injectés dans la société. Cela aurait pu être rédhibitoire, mais grâce à cela, au 30 avril, les dettes étaient remboursées et l’asso sauvée. »
2025-2026 : la voie de la professionnalisation
Les voyants d’alerte rouge éteints, les feux sont désormais au vert : la saison à venir sera placée sous le signe du renouveau. « Quand je suis arrivé au club il y a huit ans, je m’étais fixé trois engagements forts : booster l’équipe élite jeune, structurer le secteur professionnel, et agrandir la patinoire du Petit Port , se souvient Jean-Marc Rouxel. Il aura fallu attendre 2025, mais sur ce point, on a réalisé un grand pas (lire par ailleurs). Et si la création de la société a pris du retard, suite à ces deux années de déboires financiers, la voie de la professionnalisation qui est essentielle pour tout club pro est en effet ouverte. On se doit de trouver des ressources privées et de conserver un minimum du pourcentage du budget venant de collectivités qui se désengagent de plus en plus. Et pour cela, le hockey-sur-glace doit prendre sa place dans le monde du sport nantais. »
Professionnaliser, certes, mais pour le bon fonctionnement de tous ! Car il est hors de question pour les Corsaires de saborder leur ADN formateur (toute la partie formation reste de la responsabilité de l’association). La volonté d’offrir de bonnes conditions aux jeunes joueurs, qui vont patiner ailleurs aujourd’hui faute de se voir proposer une évolution sportive, est au cœur du projet à long terme. Des prérogatives évidemment financières - alors qu’Angers possède un budget de 3,2 millions, celui de Grenoble, atteint les 6,5 millions ! - mais également la possibilité de proposer des licences bleues pouvant être ascendantes comme descendantes (joueurs des centres de formation à prendre du temps de jeu dans des divisions inférieures).
EN CHIFFRES
1 titre de champion de France de D1 2024 (2e échelon national)
13 équipes masculines, féminines, jeunes et loisir
41 ans d’histoire
85 entreprises partenaires
99 % des matches à guichets fermés
465 licenciés
1.300 spectateurs de moyenne par match
25.000 followers sur les réseaux sociaux
NOUVEAUTE
Plus qu’une tribune, un outil de développement
Transparence sur les finances, assainissement de la dette, passage en société et structuration du club (recrutement en cours d’un Stadium Manager) ont été les chevaux de bataille de l’équipe dirigeante des Corsaires afin d’attaquer l’intersaison et aborder la rentrée avec un dynamisme sans précédent.
Le challenge est relevé : un objectif de 70% de financement privé boosté par le développement du B2B pour atteindre 450.000 euros et une optimisation des recettes les jours de match grâce, notamment, à l’inauguration de la tant attendue nouvelle tribune (prête pour début novembre). Au final, ce ne sont pas moins de 209 places partenaires qui ont été ajoutées, montant la jauge des VIP à 400. 1,7 million de travaux, financés par Nantes Métropole et la NGE, qui répondent à ce besoin d’une augmentation du sponsoring privé, mais également « une montée en gamme des offres. On a, à Nantes, une véritable culture de l’hospitalité, rappelle la responsable commerciale, Morgane Le Gall. Aujourd’hui, nous évoluons dans une société qui attend des formats originaux, possède une culture du zapping et de la variété. Donc il était essentiel pour nous de proposer un catalogue d’offres élargi. Désormais, avec les nouveaux espaces partenaires, nous allons pouvoir combler cette attente. L’objectif est de générer 80.000 à 100.000 € de recettes supplémentaires, en espérant bien évidemment que de bons résultats sportifs tirent l’ensemble vers le haut. »
De quoi théâtraliser encore plus les matchs et rendre ce Petit Port encore plus bouillant que le chaudron convivial qu’il n’est déjà !
Gaëlle Louis