Arkema Première Ligue - FC Nantes Féminines - Caitlin Cosme « Mes parents se demandent encore comment je n’ai pas fait carrière dans le tennis »

À tout juste 26 ans, la pétillante défenseure des Canaries, Caitlin Cosme, s’est fait une place dans le 11 de Nicolas Chabot. Habile techniquement et dotée d’une bonne vision du jeu, la New-Yorkaise correspond parfaitement au profil recherché par le coach nantais pour diriger sa défense et faire le lien avec ses milieux de terrain. La numéro 3 du FC Nantes dont le contrat expire en juin 2025 ne se prononce pas encore sur son avenir en Jaune et Vert.

Feb 12, 2025 - 15:23
Feb 14, 2025 - 10:20
Arkema Première Ligue - FC Nantes Féminines - Caitlin Cosme « Mes parents se demandent encore comment je n’ai pas fait carrière dans le tennis »
Caitlin Cosme, défenseure du FC Nantes Féminines

Tu as complètement changé d'environnement en décidant de venir à Nantes. Est-ce que c'était une façon de te mettre au défi ?

C’est un défi que je me sentais prête à relever. Je voulais tenter l’aventure depuis un moment. Je pense que venir en France a été une décision importante. Le football français jouit d’une très bonne réputation à travers le monde. Toute ma vie, je n'ai joué qu'aux États-Unis. C'est un style de football complètement différent de venir en France. L’objectif, c’est de développer de nouvelles compétences et de continuer à améliorer mes points forts.

Cette saison, tu as joué presque joué tous les matchs (11 matchs et 9 titularisations). C’était aussi un de tes objectifs en venant à Nantes ?

Oui bien sûr mais mon plus gros objectif était de venir et de vraiment développer mes capacités footballistiques. Commencer des matchs, c’est une belle récompense, mais pour l’instant, je suis toujours dans une démarche de progresser. La « National Women's Soccer League » est très physique avec de vraies athlètes, rapides. Cela correspond au jeu de transition qui est joué outre-Atlantique. Ici, le jeu est beaucoup plus technique. Les filles sont footballeuses avant d’être athlètes. Je suis épatée par leur talent, leur habileté technique et leur compréhension tactique. C’est très enrichissant d’être dans un tel environnement. 

Si on met de côté la large défaite contre le Paris Saint-Germain en Coupe de France, le FC Nantes n’est qu’à 3 points du Top 5 de la Premier League Arkema. Pas mal pour une équipe qui découvre le haut niveau…

Je pense que dès le premier jour de pré-saison, nous avons pu identifier qu'il s'agissait d'un groupe très talentueux. On dit souvent que le plus petit chien aboie le plus fort. Personne ne s’attendait à ce qu’on atteigne un tel niveau de performance si vite. C'est vraiment inspirant de faire partie de l'équipe, de voir un groupe de femmes et un staff technique phénoménal réussir quelque chose comme ça. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Le staff technique a sélectionné personnellement des joueuses dont il savait qu'elles étaient capables d'accomplir tout cela. Il reste encore beaucoup à faire mais on ne se fixe pas de limites. En tant qu'équipe, on a actuellement un sentiment indéniable et inébranlable de confiance en nous-mêmes que nous pouvons terminer cette saison dans une très, très bonne position.

Qu’est ce qui t’as fait choisir l’Islande avant d’arriver à Nantes ?

C'était fou. Je pense qu'après ma deuxième saison à Orlando et la fin de mon contrat avec le club, je me suis retrouvée dans une situation où je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je ne me voyais pourtant pas partir à l’étranger. Je ne connaissais que le football aux États-Unis. À cette époque, toutes les fenêtres de transfert étaient fermées en Europe, à l’exception de certains pays scandinaves. J'avais quelques anciennes coéquipières d'Orlando qui étaient allées en Islande et qui y jouaient… Je n'y suis restée que trois mois mais c'était une expérience que je n'oublierai jamais, car j'ai l'impression d'avoir retrouvé mon amour pour le football.

Comment as-tu atterri à Nantes ?

Mon agent avait beaucoup de contacts en France. Je n’avais pas beaucoup joué à Orlando après ma blessure au genou. Nicolas Chabot a vu des vidéos de mes matchs en Islande. Il m’a dit que ce qu’il avait vu lui avait plu mais qu’il pouvait amener mon jeu à un niveau supérieur. J’ai tout de suite dit « Banco, on se voit à Nantes ! »

Tu avais une idée de ce à quoi ressemblait Nantes avant de signer ?

En tant qu’Américain, quand tu penses à la France, c’est plutôt Paris qui te vient en tête. Je n'avais jamais entendu parler de la ville de Nantes. Je ne prêtais pas beaucoup attention au football européen mais j’ai rapidement appris que le FC Nantes est l'un des clubs historiques du football français et européen. C’est une belle opportunité de faire partie de cette histoire. 

Tu parles de jeu et des axes d’amélioration, comment te décrirais-tu ?

Je dirais que je suis une défenseure centrale, créatrice de jeu. J'aime avoir le ballon dans les pieds. J'aime dicter le rythme de l'attaque. Je pense qu'aux États-Unis, je me suis également classée comme une très bonne défenseure. Peut-être que je ne suis pas la plus rapide, la plus grande, mais l’une de mes grandes forces est de pouvoir lire et comprendre le jeu. De derrière, tu as une vision globale du terrain. Je pense donc que ma capacité à orienter le jeu s'est améliorée en jouant en France et sous la direction de Nicolas et de tout son staff. 

À Orlando, tout le monde avait placé de grands espoirs en toi. Le club t’avait choisie à une impressionnante 10e place de la « Draft ». Tu étais un grand espoir du football US. Cette blessure au genou t’as empêchée de prendre ton envol….

Je pense qu'en sortant de Duke (Université américaine réputée, ndlr) et en allant jouer à Orlando, on s’attendait à ce que je performe dans la ligue américaine. Cette blessure a été un grand bond en arrière. Il y avait tellement de concurrence. Être blessée pour son année de Rookie, c’est très difficile. Les clubs doivent réagir et recruter. Ma carrière aux États-Unis aurait sûrement été différente sans cette blessure. Le staff médical d’Orlando s’est parfaitement occupé de moi et je leur en suis reconnaissante.  La seconde saison, j’ai fait de mon mieux mais je n’avais pas joué pendant un an.

Le sport a toujours occupé une place importante dans ta vie, notamment parce que tes parents étaient des joueurs de tennis professionnels. Tu sais tout l’engagement que demande une carrière de sportif professionnel…

Le fait d'avoir deux parents qui ont pratiqué un sport professionnel m'a aidé à faire face à l'adversité et m'a aidé dans les moments difficiles. Je pense qu'ils comprennent ce que nous appelons aux États-Unis le « grind ». En tant qu'athlète professionnelle, on me rappelait constamment qu'il fallait contrôler ce qui pouvait l’être, travailler dur tous les jours, se présenter avec une bonne attitude, se concentrer sur les choses sur lesquelles on doit travailler spécifiquement et, avec un peu de chance, les pièces du puzzle se mettaient en place. Mes parents n’ont jamais cessé de croire en moi.

Comment as-tu pu ne pas jouer au tennis avec deux parents qui jouaient au plus niveau ?

(Rires) Je pense que mes parents se demandent encore comment je n'ai pas fini par jouer au tennis. Ils possèdent un grand complexe de tennis à New York. J'avais une raquette de tennis à la main avant d'avoir un biberon. Cela a occupé une place importante dans ma vie et je pense que j'ai vraiment compris très jeune que j'aimais l'aspect collectif du sport. Même si c’est un regret d’avoir arrêté le tennis si jeune, pour moi, ça a toujours été le football. Les rencontres que j'ai pu construire et les choses auxquelles j'ai été exposée grâce à ce sport, je ne pense pas que j'aurais pu faire ça avec le tennis. C'est un travail de longue haleine. Mes parents sont soulagés de me voir m’épanouir dans le football. Sinon ils auraient probablement pleuré avant de s'endormir tous les soirs (rires) !

En tant que New-Yorkaise et citadine, tu aimes la ville. Tu aimes bien te balader dans Nantes ?

La ville de Nantes est tellement « mignonne ». En tant que New-Yorkaise, je pense que c'est une « petite ville ». Les gens qui vivent à Nantes et en France, ne seront sans doute pas d’accord. J’ai eu le temps d'explorer et de voir la ville. J’aime beaucoup Nantes. J’aime bien la mode donc tant qu’il y a de belles boutiques, je suis heureuse. En France, je suis plutôt gâtée.

Il faut que l’on parle de la façon dont tu portes ton short en jouant… Ce n’est pas sans rappeler un autre défenseur du FCN : Nicolas Pallois…

Toutes mes coéquipières me le disent. Nous portons tous les deux nos shorts de la même longueur. Elles se moquent de moi. Elles disent toujours que c’est comme si je jouais en sous-vêtements (rires). Le short retroussé, c’est vraiment un truc d’Américain. Je dois rester fidèle à mes origines quand je mets mon maillot, même si je suis en France.

 

Recueilli par Matthieu Bellée

Retrouvez le JNS du mois de février