EHF Champions League : HBC Nantes : A Cologne, Rok Ovnicek verra doublement le bonheur

Arrivé à Nantes en 2019 en provenance de Celje, le meneur de jeu slovène est rapidement devenu un atout majeur du collectif nantais, tant pour sa qualité de passes et sa vision du jeu que son esprit totalement en adéquation avec le club de la cité des ducs. Enfin sorti d’une annus horribilis où, après une rupture des ligaments croisés en janvier 2024 et une reprise en octobre, ce dernier se blessait à ce même genou droit quasiment un an après jour pour jour, Rok Ovnicek sera sur le terrain à Cologne. Un deuxième round attendu, après une édition Covid marquante en 2021, pour celui qui en 6 ans est - presque - resté le même.

Jun 14, 2025 - 13:53
Jun 11, 2025 - 15:16
EHF Champions League : HBC Nantes : A Cologne, Rok Ovnicek verra doublement le bonheur
@Gaëlle Louis

Un deuxième Final Four en préparation, des lignes supplémentaires au palmarès : vous êtes devenu un incontournable de ce HBC Nantes !

Rok Ovnicek : Depuis mon arrivée, en 2019, on a fait pas mal de grandes choses, non ? On a gagné plusieurs trophées (ndlr : il commence à compter, sourit en voyant le chiffre gonfler : 2 Trophées des Champions, 2 Coupes de France, 1 Coupe de la Ligue). Je pense que nous avons bien su entretenir la dynamique, tout en marquant aussi l’histoire du club. Et bien évidemment, on espère encore plus…

Bien qu’il s’agisse pour vous d’une deuxième fois, ce sera quelque part la vraie première, dans une Lanxess Arena pleine à craquer après une première expérience totalement hors des standards !

Franchement, avec la salle vide en 2021, on a connu quelque chose de complètement unique et incroyablement… bizarre. C’est vraiment difficile de jouer dans une Arena de 20.000 places vide, sans pouvoir finalement aller chercher, quand tu en ressens le besoin, l’énergie de tes supporters. Cela ne sera jamais une habitude pour nous,  même si nous avions disputé quasiment toute la saison sans public, excepté à Veszprém parce que c’est Veszprém (rire). Les mesures d’isolation, respectées dans la quasi-totalité des pays d’Europe, ne l’étaient plus du tout dans cette salle hongroise réputée pour être bouillante. Toutefois, l’étonnement n’a pas duré longtemps, car on se doutait que s’il y avait bien un endroit où les règles allaient être différentes, c’était là-bas ! Mais bon, cela ne nous avait pas empêché malgré la défaite (32-30) de nous qualifier pour ce nouveau Final Four (victoire 32-28 à l’aller).

« J’ai plus vu le préparateur physique que ma copine ces derniers mois ! »

Janvier 2024 et cette lourde blessure avec la sélection avec un premier passage au bloc, et bis repetita en janvier 2025 avec un nouveau coup dur durant le Mondial avec la Slovénie : vous avez dû sentir le sort s’acharner…

Dans mon malheur, la blessure n’était pas aussi grave que ce que l’on a pensé et après avoir fait beaucoup d’examens et pris les avis, on a décidé avec le chirurgien qui m’avait déjà opéré de ne pas repasser sur la table d’opération. Cela m’a énormément soulagé, car je savais que la récupération ne serait pas la même chose, et que cette fois-ci, ce ne serait pas 9 mais bien 12 mois qui m’attendaient… La contrepartie était de faire un très gros travail physique, afin de renforcer encore plus mes jambes et d’avoir des appuis encore plus solides et sûrs. J’ai bossé comme un fou avec Adrian (Morard, le préparateur physique), ce qui fait que clairement, je l’ai vu plus que ma propre copine ces derniers mois (rire) !

Avec Briet, Minne, et votre capitaine Rivera , vous constituez le carré des « anciens » de 2021. Quel est le ressenti entre ce H de maintenant et celui d’il y a quatre ans ?

On a un profil complètement différent, je trouve. Peut-être avec plus d’énergie, que cela soit dans la dynamique collective ou dans le groupe en lui-même, encore plus connectés. Et pourtant, lors de la campagne 2020-21, on réalise vraiment de gros coups en battant d’entrée Kiel chez lui, en sortant Kielce en 8e et Veszprém en quart !  Et là, je trouve qu’on a fait encore plus fort. Quand on se retourne sur notre parcours, on se rend vraiment compte que c’était le groupe de la mort… même si nous en avions pleinement conscience dès le tirage au sort ! 

Lors de votre dernière participation, vous étiez tombés en demi-finale contre Barcelone, vainqueur de la finale, et le PSG s’était incliné contre Aalborg. Le week-end ne manque jamais de surprises : il est difficile de faire encore des pronostics cette année ?

La première des choses, c’est que tirer Barcelone, Berlin ou Magdeburg en demi-finale n’a pas fait de différence pour moi. La seule chose que l’on doit garder en tête, c’est que pour a minima espérer jouer le titre, il faudra gagner le samedi. Alors, je ne pense pas qu’il y ait un « meilleur adversaire » qu’un autre pour cela. Il faut être capable d’enchaîner deux matchs de très haut niveau en 24 heures, et ce même s’il est vrai que les Allemands sont plutôt rôdés en la matière. Maintenant, cela ne reste que deux fois 60 minutes dans lesquelles tout est possible. On a vu des scénarios complètement fous, des vainqueurs inattendus sur les 10 dernières éditions.

« Pas préparé à vivre une aventure aussi intense, riche et longue »

Il s’agit déjà de votre sixième saison ici à Nantes, et vous venez de resigner jusqu’en 2028. Quelles sont les différences entre le joueur que vous étiez en arrivant à Nantes et celui d’aujourd’hui ?

J’ai mal au genou (rire) ! Plus sérieusement, je ne pense pas quand on arrive dans un nouveau club, qui plus est dans un pays étranger, qu’on puisse se projeter. Ce qui est certain, c’est que je n’étais pas préparé à vivre une aventure aussi intense, aussi riche et aussi longue… et j’en suis extrêmement heureux. Tout cela ne peut pas se faire évidemment sans être dans un environnement propice à tout cela et je l’ai trouvé, ici à Nantes. Alors, c’est aussi mon jeu qui a évolué, qui s’est densifié, qui est plus riche. C’est quelque chose, à ce poste de demi-centre, qui est essentiel. Et puis aussi, c’est loin d’être un détail : je suis devenu papa (ndlr : à l’automne 2024). Cela fait remettre beaucoup de choses en perspective, c’est une évidence.

Après deux parties de saison rudes, comme vous les avez évoquées, ce Final Four doit avoir un goût spécial…

Évidemment ! Mais je continue à me dire que j’ai travaillé pour cela. Comme toute l’équipe, d’ailleurs qui a fait d’énormes efforts depuis la reprise, car cela n’a pas été simple parfois… On a dû beaucoup s’adapter, je pense notamment à Julien (Bos) qui a endossé le rôle de demi-centre avec nos absences cumulées à Aymeric (Minne), Lucas (De La Bretèche) et moi. Je ne sais pas si les gens se rendent compte de ce que cela représente. Il y est arrivé car il a cette capacité à comprendre le jeu qui est excellente. C’est un rôle qui est épuisant et pas seulement physiquement car tu es le garant d’un projet sur le terrain. J’espère pouvoir amener ma pierre à l’édifice.

Ce sera sans ma famille qui va rester devant la télé, car le petit est encore bien trop jeune (8 mois)… et ma sœur est enceinte! Avec son terme prévu au 24 juin, On ne peut pas franchement dire que ce soit la meilleure des options (rire) !

Une naissance et un titre à la fin du week-end à Cologne, ce serait pourtant incroyable comme histoire !

Non, non, non (il se prend la tête) ! On a déjà bien failli avoir notre bébé à la H Arena ! Nous étions à 15 jours du terme, c’était le match contre Kolstadt (ndlr : le 10 octobre 2024, 44-27). Tea (ndlr : sa compagne) était rentrée et moi je traînais, à discuter au VIP. Tout le monde blaguait en me disant de garder près de moi mon téléphone, car elle allait appeler pour me dire qu’elle était en train d’accoucher. Je rentre à la maison, je me couche et au bout de 10 minutes, Tea me dit : « Rok, j’ai perdu les eaux! » Alors si un match doit être un déclencheur pour ma sœur, je préfère que cela ne se passe pas dans les tribunes de la Lanxess en Allemagne (rire) !

 

Recueilli par Gaëlle Louis

Retrouvez le JNS du mois de juin