Les Neptunes de Nantes contraintes de baisser le pavillon
Mangin, pour l’instant, ne verra plus de Saforelle Power 6 et encore moins de Ligue des Champions : l’équipe dirigeante ne veut pas prendre le risque de réengager l’équipe dans les élites françaises et européennes. Dernières représentantes du sport féminin dans une première division à Nantes, finalistes du championnat de France et de la Coupe de France, les Neptunes doivent aujourd’hui sauver l’essentiel pour continuer d’exister. La dette laissée par le groupe Réalités, l’ancien propriétaire peu scrupuleux, doux euphémisme, il y a un an, aura eu raison de la santé financière du club, et du coup de l’avenir sportif d’un club qui redémarrera de ce fait en Deuxième division, engendrant une inéluctable vague de départs chez les joueuses.

« Après avoir remué ciel et mer, les Neptunes font le choix de la raison. » La décision, glaciale, est officiellement tombée au début des beaux jours, le samedi 7 juin. Preuve que briller sportivement ne suffit pas à attirer la bonne fortune, la vraie, les volleyeuses nantaises, un an après leurs homologues handballeuses, sont contraintes d’abandonner la première division et la grande scène européenne… « Il fallait avoir le courage de regarder plus loin : préserver notre association, permettre à nos 450 licenciées d’évoluer sous les couleurs des Neptunes, maintenir notre école de formation, présente et performante depuis 1968, assurer un avenir durable au volleyball féminin à Nantes, expliquait le cœur lourd la présidente Monique Bernard, aussi digne qu’émue. Être responsable, c’est parfois renoncer au sommet pour ne pas sacrifier les fondations. Nous sommes pleinement conscients de ce que nous perdons : la Ligue des Champions, 15 années au plus haut niveau, la continuité d’une équipe magnifique, un duo de coaches et son staff sportif qui ne demandaient qu’à écrire leur histoire avec nous. »
« Très tristes mais très fiers de ce qu’on a fait »
Le fronton de cette place forte du volley hexagonal s’est écroulé, mais la cité est solide. Les noms annoncés pour succéder à César Hernandez, qui prend les rênes de l’équipe de France féminine et qui met le cap en club sur la Pologne, ne viendront pas. L’Australienne Lauren Bertolacci (Neuchâtel, DF1 Suisse) et son adjointe Haley Brightwell, comme les joueuses professionnelles, ont été prévenues « en toute transparence » et vont être libérées de leur contrat. Le club ne repartira pas d’une feuille totalement blanche mais devra reconstruire avec des contraintes financières, évidemment… et de temps désormais, pour un nouveau départ en Elite féminine, soit le deuxième niveau de la discipline (lire par ailleurs). « On est tous très tristes mais très fiers de ce qu’on a fait, de Saint-Joseph-de-Porterie, petit club de quartier, à la Ligue des champions. »
Un soutien renouvelé des partenaires et de la Métropole
C’est évidemment, avec un budget revu à la baisse que l’aventure continuera, la volonté ayant été de conserver une structure administrative salariée afin de rester de suite opérationnel pour un retour dans le monde professionnel. Les partenaires privés - 500.000 € cette saison - s’annoncent prêts à maintenir leur engagement auprès du club, comme Nantes Métropole ayant affirmé son soutien financier au club la saison prochaine. Une question de survie, la Région ayant annoncé en décembre son désengagement de 110.000 €… « Le budget doit permettre de faire une saison compétitive, assure Monique Bernard. On n’a pas envie de casser la dynamique, on veut rester dans un schéma professionnel et remonter très vite. Oui, nous devons reculer. Mais c’est pour mieux sauter. » Et dans ce genre décision, le plus important reste l’atterrissage.
Gaëlle Louis