Nantes-Strasbourg : Des Alsaciens “encore fragile”.
Au bord du précipice. Tel pourrait être le titre de l’affiche entre le FC Nantes et le Racing Club de Strasbourg. Les deux équipes sont à égalité avec 32 points. Avantage au classement, grâce à la différence de but, pour les Alsaciens, 16e juste devant des Canaris 17e et premier relégable. Avantage aussi au niveau de la confiance pour les hommes de Frédéric Antonetti qui ont retrouvé le chemin de la victoire depuis l’arrivée du technicien corse. Suffisant pour repartir avec les 3 points de la Beaujoire ? Interrogé, le journaliste de France Bleu Alsace Luc Dreosto, se montre mesuré quant au renouveau Strasbourgeois.
Le Racing se déplace à Nantes avec des dernières prestations plutôt rassurantes, même lors de la dernière défaite face à Lyon…
“ C’est en tout cas le discours que tiennent les joueurs : un beau visage affiché mais malheureusement ce n'est pas toujours récompensé en termes de points. Le problème c’est qu’il y a beaucoup de matchs où les Strasbourgeois ont bien joué mais n’ont pas été payés comme récemment à Monaco, Lens et Lyon. De son côté, le coach Antonetti trouve ce discours dangereux. Il juge que dans la situation actuelle du Racing, à cinq journées de la fin, l’urgence est de prendre les points peu importe la manière.”
Le Racing est passé tout près d’être européen et là ils se retrouvent à jouer le maintien… Strasbourg était-il programmé à se battre pour sa survie ?
“ Je pense qu’au sein du club c’est une surprise mais il faut être honnête, il y a un gouffre entre cette saison et la précédente. Pourtant, les joueurs ont très peu changé mis à part les pistons, pièces importantes dans le système à 5 des Bleu et Blanc. La responsabilité est partagée entre les joueurs, les coachs (Stéphan et Le Scornet N.D.L.R) et le président Keller. Cette année il y a aussi un manque de réussite criant avec des hors-jeu qui ne tournaient pas en notre faveur, les buts sauvés miraculeusement par l’adversaire et surtout les blessures. J’avais noté que sur les 20 premières journées, il y avait cinq cadres sur la touche à chaque rencontre. Il y a aussi le mercato d’été qui ne s’est pas passé sous les meilleurs hospices. Certains joueurs clés voulaient partir, ça ne s’est pas fait. En retour, Julien Stéphan espérait quelques renforts. Après on peut aussi penser que la saison dernière était un épiphénomène. Et qu’à l’issue de cet exercice, un relâchement psychologique est apparu.
Dans ce cas de figure, n’est-il pas plus compliqué de ressortir le bleu de chauffe ?
Ce qui est positif, c’est qu’on a jamais senti l’équipe lâcher. L’état d’esprit est toujours resté bon.
L’arrivée de Frédéric Antonetti n’est-elle pas étrangère à la période de mieux Strasbourgeoise ?
C’est clair ! Depuis son arrivée, la moyenne de points a augmenté (1,4 points/matchs contre 0,78 points/matchs sous Stéphan et Le Scornet N.D.L.R)
Qu’a-t-il instauré dans le groupe ?
Déjà il a amené sa poigne. Au niveau du jeu, ce n’est pas tant le système qui a changé, mais le plan de jeu. L’équipe est capable d’instaurer un pressing intense et efficace. On l’a vu contre Marseille et Lens par exemple.
Mais tout n’est pas encore parfait…
On sent que c’est encore fragile. Lors de la dernière victoire acquise à Reims, les joueurs d’Antonetti ont accepté de jouer sous pression et on peu vu le ballon. Je pense aussi aux victoires très poussives face à Angers et Ajaccio où l’on sentait que les Alsaciens jouaient avec la peur au ventre.
"La Fragilité défensive des protégés d'Antonetti inquiète"
Qui doit-on surveiller dans cette équipe dimanche ?
Notre gardien Matz Sels, très solide depuis le début de saison. Je pense qu’il peut viser plus haut. Ensuite, au milieu de terrain je pense à Jean-Ricner Bellegarde et Morgan Sanson. Le premier a réalisé une très belle première partie de saison, il s’est blessé lors du match aller à Lyon, depuis, c’est un peu plus compliqué. De son côté l’ancien Montpelliérain et Marseillais a apporté sa touche technique. Enfin, impossible de ne pas mentionner Habib Diallo notre buteur avec 17 buts.
À l’inverse, sur quels aspects le FC Nantes peut faire mal à cette équipe ?
La fragilité défensive des protégés d’Antonetti inquiète. Dès qu’ils encaissent un but, tout le monde a peur que les joueurs s’écroulent. On l’a vu à Monaco avec 3 buts pris en 11 minutes, idem à Ajaccio avec 4 buts concédés en 16 minutes ou même la semaine dernière où en 4 minutes Lyon est passé devant… Dans ce secteur de jeu, ce sont surtout les pistons qui ne sont pas au niveau. Delaine, Fila et Dagba sont trop souvent blessés et Sobol malgré sa quarantaine de matchs de Ligue des Champions n’apporte pas assez.
Le Racing a intégré dans son onze un jeune prometteur au milieu : Habib Diarra, 19 ans seulement…
Il est plutôt intéressant. Il est le fils d’un ancien international sénégalais. C’est un profil qui se rapproche de Bellegarde : à savoir explosif. Il a encore des progrès à accomplir sur le plan technique mais il n’a pas froid aux yeux. Antonetti l’a positionné dans plusieurs positions : pistons, milieu défensif, milieu relayeur… Avec la rétrogradation administrative du club en CFA 2 à l’époque ( actuellement N3 N.D.L.R), très peu de jeunes du centre de formation ont intégré l’équipe. Seul Anthony Caci aujourd’hui à Mayence et lui ont réussi à jouer.
Dans quel schéma vont évoluer les Alsaciens à la Beaujoire ?
Il est quasi certain que ce sera un système à 5 défenseurs. Reste à savoir si ce sera en 5-3-2 ou 5-4-1. Simple feeling : je prédis une disposition en 5-4-1 avec le seul Habib Diallo devant.
Et le onze, sera-t-il celui qui a été aligné face à l’OL la semaine dernière ?
Antonetti réserve souvent des surprises, il est très rare qu’il reconduise la même équipe le week-end suivant.
Voyez-vous un bloc bas ou au contraire une équipe qui va aller chercher ces Nantais en panne de confiance ?
J’ai du mal à voir les Strasbourgeois se livrer, je pense qu’Antonetti va bétonner un peu plus. De manière générale, je ne m’attends pas à un match débridé.
Propos recueillis par Mathis Eon